Description d’Olonne

Description d’Olonne

Jean-Christophe Bailly

Un phare dont le faisceau éclaire une pagode placée au bout d’une île, d’autres îles, nombreuses, au confluent d’un fleuve ardent et de deux rivières, les ibis rouges du Jardin Botanique et un cèdre planté par Humboldt, un sculpteur d’ombres et un pilote de remorqueur espagnol qui regarde des corridas enregistrées, l’avenue de la Découverte et la rue de l’Industrie, les photos de Mériel et un banc d’huîtres devant l’Opéra, les nuits de Malicoco, bar créole ; une bibliothèque, un garage, un numéro de code, un écureuil, le son d’un cor, la fontaine de la Nuit, la Gare de l’Ouest, une « phalange d’essai » fouriériste… Quelle est cette ville dont le plan est inséré entre les pages d’un livre ? Quel est ce livre, dont le plan est celui de la ville ? Existe-t- elle ? Et si elle n’existe pas, pourquoi alors quelqu’un s’en souvient-il ? Une ville qui n’existe pas, mais décrite par le menu, avec une précision (une joie, aussi) de maquettiste : rue par rue, lieu après lieu, avec ses grands passants, ses fantômes, son ton. Ville du bord de l’eau (comme si, entre la Garonne et la Loire, un autre fleuve et un autre estuaire avaient existé), ville où la donne de l’utopie a été plus généreuse qu’ailleurs, ville qui a donc beaucoup rêvé et qui, à son tour, fait rêver. Écrite à partir de son plan dessiné un jour de désoeuvrement, Olonne est devenu une sorte d’absolu de la fiction, une sorte de vertigineux « comme si », qui est aussi comme un roman.

Originellement publié en grand format en 1992.