La Légende dispersée

La Légende dispersée

Jean-Christophe Bailly

Publiée en 1976 dans la collection 10/18 (alors dirigée par Christian Bourgois), La Légende dispersée a été rééditée en 2000 aux éditions Christian Bourgois. Avec cette sortie dans la collection « Titres » il s’agira donc de sa troisième édition. Le choix et l’ordre des textes choisis sont inchangés, la préface d’origine est maintenue, seul un nouvel avant-propos a été ajouté. Il revient sur la nécessité qu’il y eut de réunir ces textes à une époque où le romantisme allemand était fort mal connu en France, et il explique comment aujourd’hui, malgré un travail de traduction et d’interprétation souvent remarquable, l’énergie de ce mouvement philosophique et littéraire reste trop peu utilisée et sa véritable nature occultée. Des extraits de 27 auteurs, certains très connus comme Kleist, Hoffmann ou Novalis, d’autres moins, se répartissent en quatre parties, tendant un arc historique allant des prémisses du mouvement à ses dernières lueurs. Nombreux sont les textes qui ont été ici traduits pour la première fois en français (par Henri-Alexis Baatsch, également traducteur des deux volumes de Büchner paraissant également dans la collection « Titres » cette année). Le livre ne se propose pas comme un travail savant mais comme une traversée du romantisme allemand, comme un voyage à travers un mouvement profus qui voulut embrasser la littérature tout entière et entraîner les genres (poésie, drame, roman, essai) au-delà d’eux-mêmes. Venant à la suite des Lumières, le romantisme allemand, surtout celui de la période d’Iéna, dès la fin du XVIIIe siècle et le tout début du XIXe, chercha à en émanciper la leçon, en faisant porter l’accent sur une nouvelle idée de la Nature, non plus considérée comme un simple objet d’étude et de conquête mais comme un tissu vivant et hypersensible, directement perçu par l’esprit. Une science du fragment, un sens aigu de la formule et de l’axiome, une philosophie de la nature intuitive et non dogmatique, un art du récit et du merveilleux – tels sont les éléments que le lecteur retrouvera dans ce livre, ouvert par une introduction qui restitue la fièvre dans laquelle s’inventa ce que beaucoup considèrent aujourd’hui comme le berceau de l’idée moderne de littérature.

Originellement publié en grand format en 2001.