Anatole Broyard
Né en 1920 à la Nouvelle Orléans, Anatole Broyard fut écrivain, critique littéraire, journaliste et éditeur pour le New York Times. Issu d’un métissage afro-européen (ses parents étaient tous deux noirs à la peau claire), Anatole Broyard est celui de ses frères et sœurs qui a la peau la plus blanche. À tel point qu’il se fera passer pour Blanc pendant une partie de sa vie, jouant la carte de l’ambiguïté pour répondre aux rumeurs concernant ses origines. Après avoir vécu dans le quartier créole de Tremé, lui et sa famille rejoignent le quartier ouvrier et multiracial de Brooklyn. Dès son entrée à l’université, il se passionne pour la culture moderne, la littérature et le cinéma européens. Pendant la guerre, il épouse une Portoricaine noire avec qui il aura une fille, puis intègre l’armée ségréguée en tant que Blanc. C’est à son retour qu’il s’installe à Greenwich Village où sa librairie lui sert à la fois de refuge pour « orphelins de l’avant-garde » et de porte ouverte vers les intellectuels qu’il souhaite approcher. Il ne peut toutefois se résoudre à gérer sa librairie comme un commerce : les ouvrages proposés sont peu nombreux, triés sur volet (Kafka, Céline, et d’autres traductions difficiles à se procurer) et Broyard est réticent à laisser les clients repartir avec un livre de son précieux stock… Avec sa deuxième épouse, blanche, il aura deux enfants. À sa mort en 1990, seule cette deuxième famille sera mentionnée dans la notice nécrologique du New York Times.